INTERVIEW DE NADÈGE DEBKA !

A l’occasion du Championnat de France handivalide solitaire et paravoile qui a rassemblé 43 MiniJI en août dernier à Vichy, nous nous sommes entretenus avec Nadège, licenciée au CNV et seule représentante de notre ligue sur cette compétition.     

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Nadège Debka, je suis handicapée moteur et ça fait à peu près cinq ans que je suis au Club Nautique de Vichy, j’ai commencé par le Hansa 303 et là je viens de découvrir le MiniJI.

Quel chemin t’a amené à pratiquer la voile ?

J’ai été frappée par le handicap, à la base c’était une maladie, et à un moment donné pour travailler c’était très compliqué. Je me suis tournée vers le sport, la natation et l’association HVVA [Handisport Vichy Ville Agglomération, NDLR]. Il y avait des journées voile proposées par cette association, ça m’a permis de découvrir le Club Nautique et la voile.

Et les responsables du club t’ont proposé de pratiquer ?

C’est moi qui me suis proposé ! J’ai fait deux stages adultes l’été. Et comme ça me plaisait vraiment, je me suis inscrite à l’année.

Comment s’organise ta pratique aujourd’hui au club de Vichy ?

Elle s’organise exactement comme toute personne qui vient faire de la voile au Club Nautique. Bien sûr, en tant que personne handicapé moteur, il faut quand même qu’il y ait des personnes à la potence pour aider à faire le transfert, parce que Stéphane Anguila [chef de base du CNV, NDLR] qui est l’entraîneur a d’autres personnes à s’occuper. Quand il le peut, bien sûr il est présent. Au départ, il faut qu’on me transfère dans le bateau.

J’ai cours le vendredi une fois par semaine et l’été, si je veux venir naviguer, je peux.

L’avantage du Club Nautique c’est qu’il y a toujours des bénévoles qui sont vraiment bienveillants et présents. Ça c’est important.

Tu navigues donc avec les valides ?

Oui, tout à fait. Il n’y a pas de différence en fait. Et ça pour moi c’est important.

Que t’apporte cette activité ? Qu’est-ce que tu viens chercher ?

Premièrement, pourquoi j’ai choisi la voile : j’ai un problème musculaire donc c’est plus facile.

Ensuite il y a l’eau, qui porte, les éléments de la nature. J’aime beaucoup justement parce qu’on se sert des éléments de la nature. On doit jouer avec le vent, les nuages, tout un tas de petits détails qui sont importants. Et quand je suis sur le bateau, c’est une certaine liberté. J’oublie le handicap, je ne me sens plus particulièrement handicapée. C’est comme une relaxation. Aussi un dépassement de soi.

Il y avait de l’appréhension quand tu as découvert cette activité ?

Non, jamais.

Tu disais que tu pratiquais le Hansa. Tu as découvert il y a peu le MiniJI. Est-ce que tu peux nous parler des différences que tu notes entre les deux supports ?

[rires] Pour moi il y a quand même une grosse différence. Bon j’apprécie le Hansa, mais je préfère quand même le MiniJI. Le MiniJI est beaucoup plus fin, il y a beaucoup plus de technicité. En plus, ça c’est un ressenti que j’ai, quand je suis dans le bateau, je ressens vraiment le clapotis de l’eau et j’adore. J’adore ça.

Technicité, tu veux parler des réglages sur le bateau ?

Tout à fait. C’est plus facile pour moi de réagir quand il y a un souci. Sur le Hansa, j’ai plus de mal, c’est trop loin.

Premier championnat de France ! Ton ressenti par rapport à toute cette organisation, la quantité de bateaux sur l’eau…

Oula ! [Rires] Bon, ça ne fait pas longtemps que je connais le MiniJI mais je prends beaucoup de plaisir à tout ça. Il y a tout un tas de règles, tout un tas de cérémonies. Ça me fait rire moi en fait.

Je n’ai pas l’habitude, je ne connais pas, mais j’apprécie énormément et je prends du plaisir. Je prends du plaisir parce que je trouve qu’il y a une certaine ambiance, une certaine convivialité. Il y a aussi beaucoup d’échanges. Bien sûr, j’ai une crainte quand il y a beaucoup de bateaux, je n’ai pas l’habitude, donc je me mets un petit peu en retrait pour éviter d’abimer les bateaux. Mais j’apprécie énormément.

Avec ce changement de support est-ce que tu as de nouveaux objectifs ? De nouveaux projets ?

Oui, oui, tout à fait. Comme je l’ai dit, moi je débute là-dedans. Entre parenthèses, dans ce championnat, je me sens un petit peu fragile quelque part. Parce que je sais qu’il y en a qui naviguent depuis longtemps sur ce support. Aussi bien en mer que dans d’autres lieux, des lacs ou autres.

Mais l’objectif c’est justement d’évoluer. Et de mieux connaître ce voilier. Parce que je l’aime beaucoup en fait. Ouais c’est pour ça. D’évoluer surtout.

Après on verra, peut-être un autre championnat mais on va aller doucement d’accord [rires] ?

Pas de problème !

Entretien réalisé par Jérôme Pruvot, le 21 août 2025 à Vichy